INDE 1971
INDE 1971
C’était le début de l’affrètement de charters
Par la jeune association Nouvelles Frontières
Il y a déjà quarante ans de cela
J’étais bien jeune en ce temps-là !
En août, je me suis envolée avec JEAN
Pour la première fois vers un autre continent
J’avais en mémoire les INDES de la couronne impériale
Où les riches anglais s’installaient dans un luxe royal
Mais, c’est en plein moyen âge
Que nous a plongé ce long voyage
Où pendant 5 semaines, routards sans moyens
Nous avons exploré le nord de l’état Indien
C’est de la rue que me reviennent des images
De ce périple dans un pays d’un autre âge
Depuis, les agences Nouvelles Frontières se sont multipliées
Les catalogues proposent de multiples circuits illustrés
Avec des photos d’hôtels étoilés et de palais immaculés
Où tout semble si net, si épuré que je me suis questionné !
Est-ce que jadis, nous avions visité ce même pays ?
Ou est-ce ma mémoire qui a des lacunes, des oublis ?
Alors j’ai ressorti mes documents empoussiérés
J’ai scanné mes diapositives soigneusement classées
J’ai recopié le texte de mes albums bien reliés
Et il en est ressorti un montage actualisé
J’ai ainsi revécu ce que nous avions vécu
Cet été là au cours des 5800 km parcourus
En train ou bus, rickshaw ou sikhara, à pied et en vélo
Avec des nuits qui ne favorisaient pas toujours le repos
Sous tente, dans la rue, dans des hôtels minables
En couchettes 1° bon marché et confortables
Dans mes écrits, j’ai noté avoir visité
Palais, temples, mosquées des grandes cités
Que sont BOMBAY, DEHLI, AGRA
JAIPUR, AMBER, MATHURA
…
Mais sur notre reportage photographique
A part KAJURAHO et ses temples érotiques
On ne voit que des scènes de rues typiques :
Les vaches broutant les maigres étalages
Les dormeurs au sol attendant de l’ouvrage
Certains s’affairant à de petites taches quotidiennes
Et toute cette foule, qui sans cesse erre et se promène
Le va et vient incessant des rickshaws et autres attelages
Et dentistes et médecins qui en plein air exercent leurs taches
Et partout, hommes et enfants
Nous entouraient gaiement en riant
Nous n’étions jamais seuls un instant !
On semblait les amuser, on les intriguait
Gentiment, de nous ils se moquaient
Mais ce n’était que de la curiosité
Sans jamais aucune agressivité
Plus distantes, dans leurs beaux saris
Les femmes, de loin, nous détaillaient aussi
Ils avaient tous le même désir de communiquer
Mais nos conversations étaient bien vite limitées
Par notre anglais scolaire, mal appris, aussitôt oublié
Et, omniprésent le culte hindou inconnu de nous avec des temples cachés
Des offrandes de fleurs et fruits, des rites sacrés, des statues de dieux vénérés
Tous ces gens croisés ont leur place dans cette société bien organisée
Où les ancestrales castes sont ancrées, admises sans violence engendrée
Les sâdhus errants au corps blanchi (qui sont ils ?) survivent de dons sans travail
Les sikhs (race et religion particulière) vivent entre eux au haut de l’échelle sociale
Il y a des riches obèses qui s’installent dans des trains en première
Tandis que sur le quai, la foule dense attend des journées entières
J’ai vu une timide tentative d’entrée en première
Discret, il s’était plié en trois prés de la portière
Mais l’erreur fût jugée inacceptable ! Et il fut repoussé en arrière !
(Il n’aura plus qu’à tenter de voyager sur le toit des locos, des machines !)
Les intouchables eux, mangent de la viande, mais aux taches dures s’échinent
Nous n’avons pas vraiment bien compris l’organisation de cette société
Mais nous avons été bouleversés par leur acceptation et leur passivité
Au milieu de ce périple dans l’INDE surpeuplée du NORD
Nous voulions aller au NEPAL, mais la lenteur des formalités de passeport
Nous fit choisir le CACHEMIRE cet autre état indien, le plus au NORD
Situé, aux confins de l’HIMALAYA, nous y avons gagné la fraîcheur
Nous y sommes allés en train puis en bus et en sommes revenus par les airs
Nous avons eu l’impression d’un autre pays avec ses lacs, ses forêts, son « air »
Les repas ont mieux satisfaits
Nos estomacs français
Nous avons effectué un rêve: un trek à une époque où cela existait guère
Porteur et nourriture trouvés, nous sommes partis sur les pistes de naguère
C’est un chemin original, puisque de pèlerinage respecté
Où les riches hindous se font conduire à la grotte sacrée
En chaise à porteur, ils sont « hissé »
Et le soir, leurs camps leur sont installés
C’est à pied que nous avons franchi ce col à 4400M
Avec d’idylliques bivouacs parmi les edelweiss à 4000M
Le but du voyage était d’aller adorer le phallus de SHIVA !
Un bloc de glace dans la grotte d’ARMANATH, loin là bas
Une multitude de gens plus ou moins épuisés,
Plus ou moins chargés arpentaient ce sentier
Aux embranchements on trouvait des débits de thé
Mais surtout les montagnes étaient de toute beauté
Il me vient l’envie de repartir dans ce pays
Et je relis les descriptifs détaillés des circuits
On y parle de palais, de joyaux, de faste mémorable
De repas gastronomiques, d’hôtels hyper confortables
Et je me dis, que même à mon age
Je ne suis pas prête pour un tel voyage
Mais vous qui, par 10 ,20 ou plus, voyagez groupés
Vous que l’on abreuve d’histoire sur ces palais enchantés
Prenez le temps de partir seul ou à deux et de gagner le cœur des cités,
Mêlez vous à la foule, errez en liberté dans les rues et les petits marchés
Là où les gens vivent (comme avant) gentils et accueillants,
Mais (je les comprends) craignent les touristes exubérants
Il n’y a aucune honte à préférer la rue grouillante
Là où se trouve la vie, la « culture de l’humanité »
Les musées, les expositions, les visites astreignantes
Sont la « CULTURE des intellectuels » .une minorité !
Michèle BEAL 2011